Que fait-on des souvenirs ?
Que vais-je faire de mes souvenirs des 13 dernières années ?
Hier, j'ai profité du congé du 1er mai pour faire du rangement, du tri, de la place. Jeter, jeter, jeter...
Ranger beaucoup aussi. Oublier ?
Indispensable et salutaraire d'une certaine façon. Tant que ma vie stagne dans les procédures et les questions, je peux ainsi me donner l'impression de poser des actes concrèts pour l'avenir. L'impression...
En pratique je me suis retrouvée confrontée aux photos non classées, cartes d'anniversaires, cartes postales ramenées de voyage pour faire des albums, petits mots laissés dans la cuisine, petits et gros cadeaux reçus.
Je suis très conservatrice, trop sans doute.
Jusqu'à hier, je ne comprenais pas pourquoi certaines personnes découpent des parties de photos où se trouvent un ex-conjoint. Comment en arriver là ? Souvent c'est lié à de la colère, de la rancune. Moi je ne ressens ni l'un ni l'autre. Mais j'ai envisagé la solution de découper les photos. Pour m'éviter à l'avenir ces petits coups de poignard qui me tenaillent en nous voyant danser ensemble au mariage de ma soeur, en nous voyant en vacances en Tunisie, en nous voyant à l'anniversaire de nos neveux, etc
Je ne peux pas tout découper, ni tout jeter. Je ne peux pas effacer ces années, ces moments bons et mauvais. Je ne peux pas me retrouver propre et blanche, comme "avant". Faire comme si ça n'avait jamais existé.
Et puis je voudrais oublier maintenant, mais quand je serai vieille, installée devant la fenêtre dans mon fauteuil je voudrais me souvenir. Et là je serai peut-être contente de les revoir. La nostalgie est la compagne de la vieillesse, non ?
D'ici là, je cherche la bonne façon de faire, celle qui me protègera sans me faire tout oublier. Je cherche comment intégrer tout ça dans un quotidien, dans une idée de construire une autre vie. Et je me demande combien de temps s'écoulera avant que les souvenirs ne soient plus douloureux.